Les cigognes voyageuses visitent Cheverny et Cour-Cheverny

L’augmentation de la population nicheuse en Europe de l’Ouest conduit à des observations de cigognes en Loir-et-Cher plus nombreuses que par le passé lors des mouvements migratoires. C’est ainsi qu’en 2013, un minimum de 815 oiseaux différents ont pu être dénombrés au printemps, dont un groupe de 70, et que 577 oiseaux ont été observés lors de la migration de retour, dont un groupe de 200. Le 29 sep­tembre 2015 dans l’après-midi, 10 à 15 cigognes ont été observées sur le bourg de Cheverny, posées sur les arbres proches de l’Orangerie et les toits des habitations adjacentes.

La cigogne blanche
La cigogne blanche
La cigogne blanche est un grand échassier d’un mètre dont la silhouette est bien connue de tous. Blancheur, bout des ailes noirs, bec rouge et démarche assurée la caractérisent. Elle affectionne les prairies préférentiellement humides à la recherche d’une multitude de petites proies vivantes qui font son ordinaire. En vol, le long cou tendu la différencie de tous les hérons qui tiennent le leur replié entre les épaules. Sa rencontre parfaitement normale à la fin du mois d’août nourrit régulièrement les commentaires sans fondement sur la sévérité de l’hiver à venir…

Car la cigogne blanche, dans nos communes comme dans tout le département, n’est que de passage. Le passage printanier est centré sur avril et voit les oiseaux rejoindre leurs lieux de nidification plus au nord. La lec­ture à la longue-vue des bagues que portent certaines d’entre elles indique des zones de reproduction françaises, allemandes et néerlandaises. Le passage de retour vers les zones d’hivernage s’observe de la mi-août à la mi-septembre.

Groupe de cigognes qui a fait
une petite halte sur le château
d'eau de Cour-Cheverny
le 17 août 2015
En France, la cigogne blanche niche tradi­tionnellement en Alsace sur les habitations. Malgré une protection populaire traditionnelle, l’espèce y a vu chuter ses effectifs de façon drastique dans la seconde moitié du vingtième siècle, la menant au seuil de l’extinction au début des années 70. Des opérations de réintroduction ont alors inversé la tendance. Parallèlement à cela, depuis une trentaine d’années, on assiste à une lente mais régu­lière colonisation d’autres régions françaises, essentiellement de la façade atlantique avec des têtes de pont fortes en Vendée et en Normandie. Il semble que les florissantes populations ibériques soient en grande partie à l’origine de ce mouvement. Les naturalistes ont favorisé la tendance en mettant à la disposition des oiseaux des plate-formes de nidification au sein des vastes étendues prai­riales qu’ils affectionnent. Car ces cigognes là préfèrent mettre un peu de distance entre leur nid et les hommes. Quelques autres cigognes se sont installées sur le littoral méditerranéen et dans le centre-est du pays, à l’image de notre unique zone de reproduction régionale, dans les prairies du secteur du Bec d’Allier. Le mouvement d’expansion de ces populations se poursuivant, il n’est pas impossible que l’espèce devienne ou redevienne nicheuse dans notre département dans un futur difficile à apprécier.
Les quartiers d’hivernage sont Africains. Les oiseaux observés à Cheverny ont ensuite franchi les Pyrénées, emprunté le détroit de Gibraltar, et poursuivi au Maroc jusqu’au Sahel. Avec eux, se sont également enfuis plusieurs des neuf espèces de hérons que l’on peut rencontrer en Sologne. Mais quelques unes restent hiverner. Dans cette période, tout grand échassier aperçu sera donc un héron avec cette caractéristique fondamentale de voler avec le cou replié entre les épaules. Soit un héron cendré, le plus commun, soit une grande aigrette, toute blanche au bec jaune et nouvelle venue dans le paysage. L’aigrette garzette quant à elle présente le même profil mais une taille moindre.

La cigogne noire
Avec beaucoup de chance, vous pourrez observer une seconde espèce de cigogne de même taille, également migratrice, au plumage d’apparence noire, hormis le ventre et les aisselles blancs. La cigogne noire, rare, farouche, discrète, forestière, effectue elle aussi un timide retour dans notre pays en tant qu’espèce nicheuse. Une quinzaine de couples très dispersés y sont aujourd’hui connus, sur­veillés et préservés par les naturalistes et les propriétaires fonciers. Bien qu’on ne l’y ait pas encore observée de façon régulière, les vastes boisements humides solognots constituent à priori pour elle un milieu idéal. Alors, qui sait…


Le Castor - La Grenouille n°31 - Avril 2016

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